Elle et Lui
Je ne peux que l’appeler Elle…
Il ne lui va aucun autre nom et lorsque, au bord du fleuve
Elle entend le bruissement des couleurs que le couchant
Mène du pourpre au bleu de la nuit,
Son âme glisse lentement au fil des instants de sa vie,
Instants étincelants ou plus mornes, bleus pétillants ou bleu acier que l’astre nocturne réchauffe d’ivoire.
Elle !
Si belle dans la douceur des courbes d’une chaude maturité, que même les échos de sa vie ne parviennent pas à aiguiser
Et qui appellent la caresse d’une brise marine qui continue de les polir tendrement.
Elle !
Qui se demande si Tristan est toujours ce chevalier à l’épée qui fait couler le sang noir des dragons
Et apaise les nuits d’Yseult…
Elle !
Que l’art rend éternelle comme ces amants d’autrefois dont l’ombre vient caresser les instants de nos nuits.
Lui !
Qui rêve d'un ailleurs qui n'est qu'en lui-même
Lui !
Qui cherche l'éternité d'un instant et de l'instant l'éternité
Lui!
Le passant, vagabond de la toile qui s'arrête soudain au bord d'un champ de poésie où les bleuets parlent aux orchidées, où les orchidées se tordent, lascives, dans un champ de coquelicots.
Elle!
En robe de lin, portant une brassée de marguerites...
Et là haut la colline qui les regarde,
Bleue dans l'horizon d'un crépuscule qui s'étend lentement,
Rythmé par les quarts d'heure que sonne dans une lointaine salle dallée
Une horloge Westminster.
Sogsine 2009