ROMS
« Le Monde » daté du 13 août évoque des violences à l’encontre de Roms à Marseille.
Accablant.
Cela dépasse largement le Schéma odieux mais oh combien classique du rejet de l’étranger le dernier arrivé. . . Schéma qui a conduit au lynchage d’Italiens au début du siècle dernier et qui tient sans doute la plume des éditorialistes du Daily Mail lorsqu’ils stigmatisent aujourd’hui les Polonais récemment arrivés en Grande Bretagne.
Le « courrier international » consacre pour sa part, début août, sa couverture et son dossier central à un tour d’Europe de la situation faite aux Roms.
Maisons … rasées, obligeant au nomadisme ou à la reconstruction de campements de fortune loin des villes, de l’eau, de l’activité possible. …
Obligation d’un nomadisme qui ne correspond plus d’ailleurs à des logiques professionnelles et qui perd donc beaucoup de son sens …
Les « savoir faire » des Roms sont en effet décalés dans une Europe urbaine et post industrielle d’où l’enjeu de la scolarisation des enfants … totalement manquée.
Violences comme à Marseille… Voire véritables pogroms.
Fichage honteux qui rappelle les heures les plus noires de l’Europe où des dizaines de milliers de Tziganes sont morts déportés. . . Dans l’indifférence générale à l’exception de quelques articles compassionnels à l’occasion de faits divers
On peut caricaturer tout à loisir et résumer, comme au début du siècle, les gens du voyage aux pleurs de leurs violons, aux yeux de charbon des diseuses de bonne aventure que nous souligne Hergé ou au visage émacié des voleurs de poule.
On peut se draper de bons sentiments et rappeler les millions d’euros que l’Europe consacre à la question des Roms ou plus généralement les gens du voyage. (Terme devenu générique mais qui recouvre des réalités multiples.)
En réalité, quelles que soient les sommes engagées, c’est à un phénomène de rejet que nous assistons, y compris dans notre pays des droits de l’homme où les aires d’accueil de gens du Voyage font le plus souvent figure du mistigri dont chacun veut se débarrasser, où la question de l’accompagnement de la sédentarisation est, elle aussi, contournée, où l’échec scolaire est patent et ne dérange guère que les quelques enseignants mobilisés.
L’enjeu est de taille.
De citoyens européens (parce qu’ils sont partie intégrante de l’Europe et sont libres de s’y déplacer), nous faisons un peuple d’exclus qui ira grandissant, un peuple bouc émissaire.
Tout cela dans une indifférence générale… qui vaut acquiescement.